JC14 - HIGASHI-KOGANEI 東小金井

850,00 €

Une oeuvre d’Apollo Thomas

Gouche sur Celluloid

Giclée Print 310g

40x50cm

Vendue encadrée

Frais de port non inclus.

Sue vivait là, dans une petite maison qui appartenait à ses parents qui avaient émigré en Angleterre avant sa naissance, le pays de sa mère. La maison n’avait rien de spécial, elle était un peu décrépie et marron clair. Une sorte d’étendue de ce qui avait été de l’herbe un jour séparait la maison de la chaussée et on voyait que des voitures s’y étaient longtemps garées au même endroit exactement. Un arbre à l’air de bonsaï géant rendait le tableau plus agréable. À l’intérieur, c’était une bulle de douceur. Sue avait combiné son amour des mathématiques et des images glanées pour fabriquer un cocon de formes et de couleurs rassurantes, le futon était dur juste comme il faut et le soleil pénétrait dans la chambre de l’étage comme dans une peinture. Elles avaient passé beaucoup d’heures et de week-ends avachies sur les tatamis à étudier, manger, regarder des films, faire l’amour et cuver, parfois leurs heures de karaoké nocturnes, parfois une maladie passagère.

L’été arrivant, Sue avait loué sa maison à des touristes qui avaient immédiatement fait remarquer que le plafond était trop bas. Sue avait levé les yeux au ciel (peint sur le plafond bas) et elles s’étaient regardées en coin avant de laisser les grincheux profiter de leurs vacances en les gâchant eux-mêmes. Avec l’argent, elles étaient parties toutes les deux en train pour rejoindre l’île où on peut manger des huîtres géantes. Elle avait filmé des plongeuses Ama dans la province d’Ise-Shima, et Sue révisait tous les jours. C’était comme dans un road movie.

La fin du film était arrivée au printemps suivant, dans le parc au bout de la rue de la petite maison terne. Elle essayait de ne pas perdre les souvenirs de l’intérieur de la maison pour ne pas ternir tout le souvenir de Sue. Dans ce parc plein de bitume, il n’y avait plus d’herbier qui tenait, les cerisiers avaient déjà perdu leurs pétales. Elle se souvient que Sue, redevenue brune, s’était éloignée après qu’elles s’étaient promis de se voir pendant l’été malgré la thèse, qu’elles comptaient l’une pour l’autre, que c’était plutôt une histoire de timing.

Elle se dit qu’elle pourrait essayer de s’inscrire à l’Université d’Agriculture juste à côté pour la croiser par hasard régulièrement. Mais ce n’était pas un sujet qu’elle maîtrisait et ça ne l’intéressait pas autant que de trier des feuilles et des fleurs. Secouer les étamines sur une page blanche et les observer au microscope, ça oui.

Un texte de Clara Pacotte inspiré d’après l’oeuvre d’Apollo Thomas.

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