JC08-ASAGAYA 阿佐ケ谷

850,00 €

Une oeuvre d’Apollo Thomas

Gouche sur Celluloid

Giclée Print 310g

40x50cm

Vendue encadrée

Frais de port non inclus.

À une époque elle était escort à Asagaya mais pour une agence qui proposait à des femmes plus âgées de passer des moments avec une fille plus jeune sans service sexuel. Souvent c’était des femmes d'affaires qui n’avaient pas le temps de se faire des amies, d’autres qui voulaient une fille mais seulement de façon sporadique, d’autres qui étaient lesbiennes et voulaient rester à la page.

Elle voyait régulièrement une femme de 54 ans qui était un peu tout ça à la fois. Petite et angoissée, elle riait paradoxalement très fort. Elles ne se ressemblaient pas du tout physiquement. Elle l’emmenait dans des petits cafés ou les sandwichs étaient délicieux, leur payait des massages du visage et l’emmenait sur la côte en taxi pour manger des brochettes de dango devant la mer avec un Thermos de thé. Elle se faisait appeler Akemi.

Elles se retrouvaient toujours à Asagaya dans le marché couvert devant le stand de taiyakis. Akemi arrivait dans son dos malgré toutes les sortes de positions d’attente qu’elle avait testées. Elle lui serrait le bras et dessinait un très grand sourire sur son visage en lui disant bonjour en anglais avec douceur. Akemi lui offrait un de ces gâteaux en forme de poisson fourrés d’une pâte de peau de citron bouillie et de haricots azuki. C’était doux-amer.

Akemi l’avait emmené dans les archives de la vieille revue féministe Seito et aussi au musée mémorial de Nobuko Yoshiya, dans la maison que l’artiste occupait avec son amante Monma Chiyo pendant cinquante ans. Akemi était célibataire et comptait le rester, elle avait des tas d’amantes au Japon et ailleurs car elle voyageait souvent pour donner des cours.

Akemi était sa seule cliente, ça lui suffisait pour vivre pendant un temps. Elle se rendit compte que l’affection mutuelle était sincère, elle qui s’intéressait profondément aux recherches de son aînée. Après quelques mois, Akemi la co-opta pour un poste de guide pour internationaux dans un des musées dont elle était sociétaire. Elle sentit qu’Akemi voulait son bien, pas comme une fille ni comme une amante mais comme elle-même. Elle prit le poste de guide et continua de retrouver Akemi au stand une ou deux fois par mois. Elle ne lui faisait plus payer ses services et Akemi continuait de lui offrir les taiyakis qu’elle n’avait jamais demandés.

Un texte de Clara Pacotte inspiré d’après l’oeuvre d’Apollo Thomas.

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