JC07 - KŌENJI 高円寺

Une oeuvre d’Apollo Thomas

Gouche sur Celluloid

Giclée Print 310g

40x50cm

Vendue encadrée

Frais de port non inclus.

Elle avait passé le plus de temps autour du train de Koenji. Les longues heures matinales, encore endormie, à manger des sandwichs entourée de vieilles dames seules qui buvaient du café silencieusement en fumant beaucoup de cigarettes dans ce petit endroit encastré sous les rails. Elle venait d’arriver et ne retrouvait jamais son chemin au-delà du kombini à côté de la station. Elle avait échu dans l’antre d’une mamie qui semblait compter les siècles plutôt que les années, passait ses journées à regarder des VHS rayées de compétitions de patinage artistique sur une toute petite télé couleur posée sur une étagère trop haute et servait occasionnellement du café aux clientxs qui se présentaient - en choisissant précautionneusement la machine à café qu’elle utiliserait pour chacunx parmi les dizaines qui prenaient la poussière du sol au plafond derrière le comptoir. La mamie s’en fichait qu’elle, elle ne parle pas japonais, et lui répondait par de longues phrases dont la simple prononciation avait l’air de la rendre heureuse.

C’est là qu’elle avait rencontré Dede, qui enfournait autant de pancakes dans sa bouche que de pirouettes acrobatiques à l’écran. Dede grésillait en mâchant de grosses bouchées dans un coin de la pièce jaunie par le tabac, parlait japonais avec un accent allemand et l’avait aidée à commander un petit-déjeuner. Dede lui avait ensuite proposé d’aller au sento d’à côté, un tout petit sento propre et décoré de montagnes où elle se rendait pour bouillir dans les bains brûlants et ramollir ses articulations qui lui faisaient mal à cause de plusieurs accidents de scooter.

C’était devenu son endroit préféré.

Un texte de Clara Pacotte inspiré d’après l’oeuvre d’Apollo Thomas.