JC05 - SHINJUKU 新宿

Une oeuvre d’Apollo Thomas

Gouche sur Celluloid

Giclée Print 310g

40x50cm

Vendue encadrée

Frais de port non inclus.

À Gold Finger, elle avait rencontré la fille qui vivait à Ochanomizu.
Elle avait chanté toute la nuit avec une bande de gouines en provenance de Paris. Le karaoké du bar lesbien regorgeait de tubes francophones et les japonaises assises aux tables semblaient ravies que quelques personnes puissent enchaîner les punchlines de France Gall. Ensuite elles avaient pris le micro et déroulé le répertoire pop japonais des années 2000 en hurlant, aussi déchaînées que le crew de françaises juste avant. Elle, elle en avait profité pour recommander des cocktails de thé au jasmin et d’alcool de prune en fumant plein de cigarettes qu’elle tapotait en rythme dans des cendriers en céramique en forme de paires de seins. La serveuse faisait ses études au Japon et voulait ensuite aller vivre à Paris parce qu’elle adorait Vanessa Paradis. Elle leur avait offert une tournée de shots, puis une autre et encore une après la fermeture.
Ensuite tout le monde avait migré au deuxième étage d’un vieux bâtiment pas très loin. Derrière une porte tout à fait commune, la nuit avait continué de s’étirer dans la danse au son de hits nippons qu’elle ne connaissait pas. C’était un bar sombre tout en longueur dont les néons peinaient à remplir l’espace, terminé par une baie vitrée qui donnait sur la rue et la salle d’arcade juste en face, ouverte 24h/24, où l’on proposait aussi des shows et des lapdances - c’est ce dont se réclamait la personne postée devant l’entrée épileptique essayant de dévier les touristes errants. Dans le bar, il y avait les restes du Gold Finger et des vieilles dragqueens fatiguées qui avaient l’air de venir tous les jours et même de vivre là pour certaines. Tout le monde semblait se connaître et ce n’était pas le cas.
Ce sentiment d’être entourée la nuit, elle y pense chaque fois qu’elle passe à Shinjuku.

Un texte de Clara Pacotte inspiré d’après l’oeuvre d’Apollo Thomas.