JC03 - OCHANOMIZU 御茶ノ水

850,00 €

Une oeuvre d’Apollo Thomas

Gouche sur Celluloid

Giclée Print 310g

40x50cm

Vendue encadrée

Frais de port non inclus.

Un soir ou un matin plutôt, elle était sortie du métro à Ochanomizu avec M., une fille chinoise fan de Vanessa Paradis et Amanda Lear. Elle l’avait suivie longtemps dans les rues grises et froides du mois de février. Il n’y avait pas encore trop d’animation. Toutes deux n’avaient qu’un seul objectif ou presque, s’abriter de l’hiver.

Elle l’avait suivie dans les escaliers semi-extérieurs d’un tout petit immeuble coincé entre deux buildings qui laissait imaginer ce à quoi le quartier avait dû ressembler il y a très longtemps. Elle avait les jambes lourdes et ne reconnaissait rien. Elle l’avait suivie le long d’une coursive qui menait à sa porte, puis le long d’un couloir étroit qui arrivait jusqu’à sa chambre et son salon à la fois. La fille était partie prendre une douche et l’avait laissée là.

Elle était assise sur le lit de cette inconnue qui parlait le japonais et le français en chanson et elle se rendit compte qu’elle, elle ne savait aucun mot de chinois. La pièce était recouverte de minuscules carreaux de mosaïque, elle se demanda si elle se trouvait dans une salle de bain géante déguisée en appartement. L’alcool se dissipait en faisant onduler la mosaïque, elle décida que cette douche était trop longue, que la fille devait attendre qu’elle parte. Elle entra dans la salle de bain, lui demanda 500 yens pour prendre le métro parce qu’elle avait perdu sa carte bleue durant la soirée. M. sortit nue de sa douche, lui sourit, elles savaient l’une et l’autre que leurs membres étaient bien trop anesthésiés pour qu’il se passe quoi que ce soit, et le réveil n’en serait que plus étrange. Elle lui posa la pièce dans la main et retourna sous l’eau chaude qui projetait une vapeur épaisse dans le couloir. Un drôle d’effet spécial.

Arrivée à la station, elle se trompa sur les machines, chargea les 500 yens sur sa carte, la valida sur le mauvais quai, la mauvaise ligne. Effrayée de faire la une des journaux si elle décidait de “frauder” et prendre le seul métro qui la ramènerait à bon port, elle ressortit de la station et marcha les 12km qui la séparaient de son lit. En arrivant il était midi et elle se félicita de ses décisions.

Un texte de Clara Pacotte inspiré d’après l’oeuvre d’Apollo Thomas.

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